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Comprendre les biais cognitifs pour améliorer ses formations

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Les biais cognitifs nous posent souvent problème, notamment lorsque nous avons des décisions à prendre ou que nous remettons en question des connaissances. Pendant une formation, les biais cognitifs peuvent jouer un rôle clé dans l’attention des participants, leur implication, mais aussi la manière dont le formateur évalue et accompagne les apprenants. Cet article explore les différents biais cognitifs qui peuvent intervenir durant une formation et donne des clés pour mieux les comprendre et mieux les utiliser.

Bien comprendre les biais cognitifs :

Une littérature de plus en plus abondante nous aide à mieux identifier et éviter les biais cognitifs. Bien les comprendre permet de prendre des meilleures décisions, d’avoir une pensée plus rationnelle, d’être plus efficace dans son métier, etc. En effet, les biais cognitifs nous influencent au quotidien !

On peut les définir de la manière suivante, un biais cognitif est un mécanisme automatique de notre cerveau déguisé en raisonnement fiable et rationnel. Autrement dit, c’est une manière rapide et intuitive de prendre une décision ou de porter un jugement, qui ne tient pas compte d’un raisonnement analytique, mais qui en donne l’illusion. Ces jugements rapides sont souvent utiles mais peuvent aussi être erronés, c’est pourquoi il convient de les identifier.

Il existe plus de 180 biais différents et il est par définition impossible de s’en débarrasser. On peut pourtant  apprendre à les connaître pour mieux les utiliser. Nous allons voir que pendant une formation, de nombreux biais cognitifs entrent en jeu tant du côté du formateur que des participants. Identifier ces biais permet alors d’améliorer ses formations. 

Les biais cognitifs qui peuvent faciliter l’animation pendant une formation 

Les biais cognitifs peuvent influencer les participants et leur niveau d’engagement et d’investissement. Il est intéressant pour le formateur de bien les comprendre pour bien les utiliser, notamment pour dynamiser les moments d’interaction. 

Le biais de conformisme 

Le biais de conformisme est la tendance à agir comme les autres le font. Face à un groupe qui agit dans une direction, une forte proportion des individus agira spontanément de la même manière. Cela peut se manifester physiquement (une foule qui se met à courir) ou intellectuellement (les opinions d’un groupe qui convergent progressivement). Il existe évidemment toujours des cas particuliers qui vont rejeter la norme du groupe mais ils sont souvent isolés (et jouent alors parfois le rôle de bouc émissaire qui renforce lui-même la cohésion du groupe). 

En formation, ce biais cognitif peut-être utilisé par les formateurs : en embarquant une partie du groupe (et notamment les leaders d’opinion), le reste suivra naturellement. Ce biais s’explique par une tendance naturelle à ne pas vouloir se sentir rejeté d’un groupe.

Le biais cognitif de désirabilité sociale

Assez proche du biais de conformisme, ce biais se caractérise par la volonté (consciente ou non) de se présenter sous son meilleur jour pour plaire à son interlocuteur ou aux autres membres d’un groupe. La prise de conscience de cette dynamique au niveau des différents apprenants peut être clé dans la conduite d’une formation. 

En formation, ce biais cognitif peut servir à déclencher une dynamique vertueuse si les participants souhaitent répondre positivement aux attentes du formateur, ou qu’une dynamique vertueuse d’engagement s’est imposée dans le groupe et qu’il serait mal vu de ne pas “jouer le jeu”. 

Pourtant attention, il est important de noter que ce biais peut être problématique lors de phases d’auto-évaluation par les participants d’une formation. Ceux-ci peuvent en effet être incités par ce biais à ne pas répondre honnêtement pour être bien perçus par le formateur ou le groupe. Cela peut par exemple être le cas d’un débutant au milieu d’un groupe d’individus expérimentés. 

L’effet IKEA

Autre biais intéressant, l’effet Ikea nous conduit à accorder une plus grande valeur aux produits que nous créons, même partiellement. C’est ce qui justifie par exemple l’intérêt des ateliers d’intelligence collective où les participants sont amenés à contribuer (workshop, brainstorming, prototypage, etc). 

On constate habituellement qu’un apprenant ayant contribué à la construction d’une nouvelle solution s’investira dans la réussite de cette dernière. Ce biais cognitif est un excellent moyen de mobiliser des participants en formation pour qu’ils ne soient pas seulement spectateurs d’une formation mais réellement acteurs de celle-ci et donc de mieux ancrer le savoir.

Dans une idée similaire, on peut également parler de l’effet d’humour, qui est la tendance à mieux se souvenir de sujets traités avec humour. Ainsi, utiliser l’humour est également un excellent moyen d’ancrer l’apprentissage dans la durée. 

biais de conformisme en formation

L’avis du formateur influence la réussite des apprenants 

Il est important que les formateurs prennent conscience de l’importance de leur jugement sur la perception que les apprenants ont d’eux-mêmes et donc de leur réussite à terme. Or pendant une formation, ce jugement est influencé par des biais cognitifs.

L’effet Pygmalion 

Ce biais (aussi appelé effet Rosenthal & Jacobson) est celui de la prophétie autoréalisatrice positive. Il se caractérise de la manière suivante : l’évolution des performances d'un individu est souvent corrélée au niveau de croyance en sa réussite que peut avoir son environnement ou une autorité supérieure (un formateur par exemple). Dit autrement, croire en la réussite de quelqu’un améliore ses chances de réussite. Un formateur doit être conscient de l’importance de son évaluation sur le résultat d’une formation. 

On peut également parler de l’effet Golem qui est l’effet inverse : un apprenant en qui on ne croit pas aura tendance à avoir de moins bons résultats. 

Les biais cognitifs qui nous trompent sur notre évaluation des participants 

Au-delà des biais qui touchent les participants, il est important d’étudier les biais qui touchent également les formateurs. La question de la manière dont les participants sont perçus influence le déroulé de la formation.

L’effet de halo 

L’effet de halo impacte la perception que nous avons des individus qui nous entourent et de leurs opinions. C’est notamment une tendance naturelle du cerveau à donner automatiquement du crédit à la première impression. On ne voit que ce qu’on veut bien voir. Ce biais a été démontré à plusieurs reprises, par Solomon Asch (1946) ou Clifford et Walster (1975). 

Transposé à une formation, le biais cognitif de l’effet de halo peut poser problème pour le formateur. En effet, ce dernier risque de supposer le rythme d’apprentissage d’un participant en fonction de la perception qu’il a de lui. Concrètement cela veut dire penser que ceux qui sont au premier rang comprennent mieux, que les participants les mieux habillés sont les plus sérieux ou pire encore, qu’un participant qui semble distrait n’arrive pas à apprendre assez vite pour que l’on fasse des efforts pédagogiques avec lui. 

Le biais de confirmation :

Ce biais bien connu renforce l’effet de halo et ancre encore plus le jugement qu’on peut porter sur un apprenant. Il se caractérise par la tendance à privilégier des informations ou hypothèses qui vont dans le sens de nos croyances et envies. Pendant une formation ce biais cognitif peut poser problème. Le risque pour un formateur est alors de s’attacher à des détails qui vont ancrer encore plus ses croyances liées à l’effet de halo. 

Pour contrer ce mécanisme il est important d’être conscient des limites de notre “première impression” et de s’attacher à toujours remettre en question des certitudes qui nous semblent rationnelles mais qui sont en fait souvent instinctives. 

Les biais à comprendre pour mieux accompagner les apprenants :

Le biais de la malédiction de la connaissance

Ce biais (aussi appelé “malédiction du savoir”) est bien connu des enseignants et des experts : il se manifeste par une difficulté à se mettre dans la peau d’un apprenant. « Je ne comprends pas ce que tu comprends pas » en est l’exemple le plus criant. Ce biais cognitif, très présent en formation se manifeste également par la difficulté à prévoir la manière dont va réagir un public non initié mais aussi par la difficulté à concevoir une stratégie pour rallier ce public. 

Plus on intègre de connaissances dans une discipline et plus on en parle de manière abstraite. Les experts et formateurs doivent alors faire un plus grand effort de vulgarisation et de pédagogie. 

L’effet de halo mentionné précédemment peut alors encore accentuer ce biais : en fonction de certains facteurs subjectifs, un formateur peut être incité à faire moins d’efforts de pédagogie, c’est pas exemple le cas du niveau d’étude ou du niveau de qualification d’un individu. 

La nécessité d’agir vite et le biais du risque zéro

Pendant une formation, ces deux biais cognitifs nous font tendre vers la simplicité et nous éloignent de la complexité. Ils peuvent rendre la vie difficile aux formateurs. 

Nous avons tendance à préférer les options simples en apparence plutôt que les options complexes (qui demandent plus d’énergie à considérer). De la même manière, nous préférons avoir une certitude absolue lors de nos prises de décision, et privilégions les solutions qui sont pleinement compréhensibles. 

Dans le processus intellectuel d’un apprenant pendant une formation, ce dernier va interpréter le contenu de la formation et réorganiser le message pour y donner du sens. Pendant cette ré-interprétation, le message est souvent simplifié pour être plus facilement intégré. C’est alors que les biais peuvent entrer en jeu, le message ne sera pas assimilé dans toute sa complexité, il sera probablement simplifié. 

Voilà pourquoi il est nécessaire de faire reformuler, pour s’assurer que les apprenants ont bien intégré la complexité de ce que l’on essaye de transmettre, et si nécessaire de répéter autrement jusqu’à ce que le message soit totalement compris et intégré.

Le biais de l’aversion à la perte

Enfin, dernier biais à garder en mémoire, celui de l’aversion à la perte. Pour bien le comprendre, il faut de nouveau se plonger dans les mécanismes cognitifs à l'œuvre pendant une formation. Apprendre est un effort : l’apprenant doit réorganiser ses connaissances et ses convictions. Il traverse alors souvent une phase de dissonance cognitive où ce qu’il apprend vient s’opposer à ses anciennes pratiques. Cette phase est souvent désagréable et nous tendons tous à essayer de l’éviter. 

Le principe d’aversion à la perte fait que les individus sont plus sensibles aux perspectives de pertes qu’aux perspectives de gains. C’est pourquoi face à la perspective d’apprentissage qui se caractérise donc par un moment de dissonance cognitive désagréable, on peut avoir des participants réfractaires et hostiles.

C’est une attitude que de nombreux formateurs connaissent et qu’il convient d’identifier très rapidement pour accompagner l’apprenant dans l’acceptation du processus d’apprentissage.

Pour aller plus loin :

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